Géographie de la Bretagne/Les hommes et leurs espaces

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Sommaire

Les hommes et leurs espaces (1994)

Auteurs : Loeiz Laurent & Guy Baudelle




La démographie bretonne à l'aube du 21ème siècle (2014)

Auteur : Loeiz Laurent


Comme tout animal qui se respecte, les hommes semblent libres de leurs déplacements. Leur accumulation sur certains sites obéit néanmoins à des lois rigoureuses. L’abondance des ressources offertes par la nature n’est pas seule en cause. Les innovations techniques, le mode de gouvernance des États, les lois votées les plus diverses peuvent avoir un impact majeur. Après un recul sur les siècles passés, nous passerons aux années les plus récentes, posant la question de la diversité des stratégies de développement et des moyens de maîtriser la répartition du peuplement.


Deux siècles d’une évolution contrastée

Par lettres patentes données à Paris le 4 mars 1790, Louis XVI ordonnait la division de la France en 83 départements, dont cinq en Bretagne, tous de même superficie au sein de la province. Les Côtes-du-Nord étaient alors le département le plus peuplé, la Loire-inférieure le moins peuplé. Resté à peu près figé depuis cette date, le nombre des communes témoigne de cette hiérarchie des populations. Mais les temps ont changé ; l’ordre s’est inversé ; en 1994, les Côtes-d’Armor comptaient deux fois moins d’habitants que la Loire-Atlantique et l’écart n’a fait que croître depuis.

Deux faits sont à l’origine de ce grand basculement. Au nord, la fin des activités textiles. Le blocus continental, la disparition de la marine à voile, la perte du marché américain, la concurrence du tissage industriel concentré près des bassins miniers ont eu raison de nos 100.000 métiers à tisser. Au sud, née d’une découverte nantaise, la conserverie a essaimé sur la côte, entraînant l’essor de la pêche et de la culture des légumes.

Alors que la construction navale démontrait la qualité de la main-d’œuvre bretonne, le développement industriel breton a longtemps buté sur le prix de l’énergie. La Bretagne aurait pu disposer, grâce au charbon gallois, de l’énergie la moins chère de France, mais les droits de douane dissuasifs imposés par la Nation pour la défense de ses sources d’énergie en ont décidé autrement. La Bretagne, observait le Nobel d’économie Maurice Allais, a porté trop seule le poids d’une politique d’intérêt national. Un traitement plus équitable lui aurait permis de s’industrialiser plus tôt, rendant possible en juin 40 la constitution d’un « réduit breton ». Mais on ne refait pas l’histoire…

Le mieux est venu après la guerre de l’électricité. Son transport étant onéreux, son prix avait longtemps favorisé la proximité des grands barrages. Mais tout a changé avec l’arrivée du nucléaire. Le prix du courant devenait a priori uniforme. L’industrie pouvait désormais s’implanter n’importe où ; l’électricité suivrait. Le nucléaire s’installe à Brennilis, l’automobile à Rennes, l’électronique à Lannion.

L’électricité à un tarif abordable ne fut pas le seul beurre mis dans les épinards bretons. L’argent abondait. Ce furent d’abord les soldes des nombreux engagés en Indochine, leurs tombes entretenues par l’État restant dans le midi de la France. Ce fut aussi la prolongation de l’obligation scolaire jusqu’à 16 ans, entraînant la nécessaire prise en charge des enseignants du privé en 1959 (loi Debré). Les Bretons cessèrent de payer deux fois pour la formation de leurs enfants. Celle-ci était souvent pour les agriculteurs le premier poste de dépense. Ils purent désormais investir dans leurs exploitations.

La diminution de l’exode eut également des conséquences heureuses pour l’économie bretonne. La moitié des terres agricoles étant en faire valoir direct, ceux qui en héritaient devaient payer des soultes à leurs frères et sœurs. Compte tenu de la dimension des familles et des taux de départ, c’est près du sixième de la valeur des terres que chaque génération devait racheter à des personnes ayant quitté la région. Cela représentait des sommes considérables. Or les départs nets de jeunes autour de 20 ans ont beaucoup perdu de leur importance entre 1954 et 1982 dans les quatre départements bretons. Ils touchèrent 30, 20, 10, 8 et 12% des jeunes Bretons entre les recensements de 1954, 1962, 1968, 1975, 1982 et 1990. De plus, en nombre croissant, les exilés revenaient en Bretagne avec de jeunes enfants au moment de fonder un foyer. Le patrimoine breton restait au pays.

Peu après la loi Debré, la régionalisation du 4ième Plan 1962-1965 engagée a posteriori pour satisfaire la demande bretonne d’une loi programme a également rectifié bien des inégalités. Un même effort d’équité a marqué le Plan routier breton. La région avant 1968 pouvait s’estimer heureuse de recevoir 2,5% des crédits routiers nationaux de rase campagne pour 5% de la population. Avec son plan routier, la Bretagne passera pendant quelques années à 6 ou 7% des crédits nationaux, ses quatre voies recevant malgré tout une sous-couche de moins que dans le reste du territoire.

Longtemps plus densément peuplée que la moyenne nationale, la Bretagne est moins coûteuse à aménager. Son urbanisation équilibrée est source d’économie. Petites villes, petites entreprises, petits ports. Elle pourrait avoir aussi de petits impôts…


L’heure des métropoles

Le graphique ci-dessous montre la part des départements bretons dans la population française métropolitaine entre 1962 et 2013. Dopés par les métropoles nantaise et rennaise, bénéficiant plus facilement du desserrement de la région parisienne, les départements de Loire-Atlantique et Ille-et-Vilaine décollent. Les autres départements bretons reculent par rapport à l’ensemble de la France métropolitaine, un léger mieux se faisant sentir en fin de période pour le Morbihan et à un moindre titre les Côtes-d’Armor.

On notera le coup de frein enregistré dans les cinq départements entre 1982 et 1990. Avec l’abandon des indicateurs de situation et des clés de répartition, l’effort passé d’équité territoriale déserte le 8ième Plan (1981-1985. Critiqué à Paris pour son projet de remplacer par quinze pays les cinq départements bretons, le Célib se voit marginaliser par Ouest-Atlantique. En 1978, il a disparu. De nouvelles inquiétudes apparaissent, ciblant les banlieues. Minimal entre 1975 et 1982, l’exode des jeunes Bretons reprend de l’ampleur par la suite comme indiqué plus haut.

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Établi à partir des populations 2006 et 2013 estimée, le tableau suivant distingue solde naturel et migrations. La plus forte croissance de l’est breton semble due à l’excédent des naissances sur les décès autant qu’aux migrations. Il faut voir là les effets d’une forte fécondité, certes, mais aussi d’un apport de jeunes ménages, contrairement à l’ouest breton. Le fort taux d’immigration observé dans les Côtes-d’Armor et le Morbihan tient en effet surtout à l’abondance des retraités, conséquence d’un important exode passé – on revient au pays – et d’un littoral attractif.

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La Bretagne ne doit pas devenir une vaste maison de retraite dénoncent certains. Elle est en effet déjà particulièrement prisée des retraités. « Un petit jardinet, un médecin à proximité, des chemins pédestres, une prise en charge par les pompes funèbres moins traumatisante pour le conjoint survivant qu’à Paris » m’expliquait un artisan de Belleville fuyant la grande cité.

Nous pouvons développer ce courant. N’est-il pas étonnant de voir combien l’on dépense à tous les niveaux pour faire venir des touristes quelques semaines par an quand les retraités, pourtant à demeure, ne sont l’objet d’aucun intérêt ? Il faut seulement veiller à ce que cela ne déstabilise pas les finances départementales. En cas d’admission dans une maison de retraite, certains départements du midi de la France demandent aux départements d’origine de s’engager à financer les séjours en cas de grande dépendance…

Pas de priorité cependant pour les retraités. Cette magnifique propriété dominant la vallée ou bordant la forêt, y accueillerons-nous une colonie de vacances, une maison de retraite, un établissement de thalassothérapie, un centre de recherche de niveau international ? Il faudra choisir. Les personnes nées à l’étranger, étrangères ou naturalisées, sont également de plus en plus nombreuses à venir grossir la population bretonne ; une politique consciente d’étalement des minorités visibles sur le territoire fait sentir là ses effets.

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Des stratégies diversifiées

« Nantes et Rennes concentrent trop la croissance » déplore-t-on souvent. Mais le développement de la Bretagne n’est pas une couverture à tirer vers soi. Plusieurs partitions peuvent être jouées simultanément. Indépendamment de ses atouts, qualité de la population, appareil éducatif, diversité des monuments et des paysages, ressources naturelles terrestres et maritimes, la Bretagne a trois atouts en main, l’un la tourne vers l’est, l’autre vers l’ouest, le dernier vers le nord et le sud. A chacun de choisir ses atouts.

L’accueil des activités parisiennes souhaitant respirer plus librement constitue notre premier atout. Les 90 minutes qui vont bientôt séparer Rennes et Nantes de la gare Montparnasse vont lui donner un fameux coup de fouet. Nous devons tirer de cet atout les fruits les meilleurs.

Le Célib avait jadis imaginé une ville nouvelle sur la Rance au nord de Dinan. Si le tracé de la voie ferroviaire Rennes-Dinan-Saint-Brieux initialement prévu sous le second Empire n’avait pas été refusé par crainte des attaques d’un éventuel viaduc par les Anglais, les bords de la Rance auraient pu devenir un pôle majeur d’attraction pour des activités trouvant à moins de deux heures de Paris un extraordinaire cadre de vie. Les bords de la Vilaine pourraient jouer ce même atout.

Le second atout de la Bretagne, plus sensible à l’ouest de la péninsule, concerne sa position au cœur des grandes routes maritimes. La vocation militaire de Brest a pu freiner l’expansion de son port, aujourd'hui incapable d’accueillir les navires ayant franchi le canal de Panama recreusé. Faut-il se tourner vers un autre site ? L’affaire est importante. On ne dira jamais assez ce que notre agriculture, deux fois plus dense que la moyenne nationale, doit à nos ports. Des esprits avisés prévoyaient en 1970 la fin des volailles et du porc en Bretagne. L’aliment céréalier et les consommateurs étaient dans le bassin parisien. En imposant à L’Europe les importations de manioc et de soja libres de droits, l’Amérique en a décidé autrement. La proximité de la mer a permis à notre bétail de pâturer les terres du monde entier. Nous pouvons mieux faire naturellement. Avons-nous fait le plein des activités de sous-traitance susceptibles d’intéresser les industriels de l’est américain ?

Le troisième atout de la Bretagne est sa position au cœur de l’arc atlantique. Après le bassin parisien et le sillon rhodanien, cet axe est troisième pôle français de développement. Victime du tout Paris, il n’est irrigué ni par le cabotage, ni par le fer. Seule l’autoroute des estuaires a réussi à s’imposer. Un saut n’est-il pas possible dans le ferroviaire ? Parions qu’aujourd'hui, en choisissant convenablement l’heure de départ, des cyclistes joignant en se relayant les départements littoraux de Dunkerque à Bayonne feraient mieux que la SNCF. Ne pourrait-on penser à un aérotrain ? Bras droit de Pléven à la région, Louis Ergan a pu déplorer jadis que le terre-plein central de nos quatre voies n’ait pas été conçu à leur intention. Un aéroport permettant pour partie à l’arc atlantique d’échapper au passage obligé par Roissy suppose un tel lien.


Maîtriser la répartition du peuplement

On aurait tort de voir dans les règles du marché les causes d’une concentration de la population jugée excessive. S’il y a des reproches à faire, c’est bien plutôt aux États, qui ont en main des cartes maîtresses inutilisées, et à la nature même des choses, comme nous allons le voir immédiatement.

La répartition de la population n’est pas de ces phénomènes spontanément régulés, tel le niveau d’un liquide dans des vases communicants. Tout déséquilibre tend à s’y annuler de lui-même. Cela vaut pour les quantités à produire et les prix. L’intervention étatique en ces domaines, comme l’a prouvé l’aventure communiste, fait alors pis que mieux. La planification centrale des processus de production n’a pu y engendrer que pénuries incompréhensibles et immenses gaspillages.

D’autres phénomènes par contre ne sont pas régulés. Chez eux s’appliquerait plutôt la loi des bulles de savon communicantes. Si deux bulles sont mises en communication, la plus petite, même infinitésimalement, se vide dans la plus grande. Tout déséquilibre ainsi va croissant. Or une telle loi joue en matière de répartition des richesses entre les individus comme en matière de répartition de la population sur un territoire. « A celui qui a l’on donnera ; à celui qui n’a pas on enlèvera même ce qu’il a » constatait la sagesse antique.

Que la croissance démographique d’une commune ou d’un bassin d’emploi soit un processus non régulé est une évidence. Les ménages voulant s’éloigner des centres urbains choisissent de préférence des communes peuplées de 500 à 5000 habitants, taille optimale à leurs yeux. Ce faisant, ils détruisent cet optimum, ne cessant pas brutalement d’accourir si la commune dépasse les 5000 habitants. Semblablement, ce sont les bassins d’emploi ou pays animés par des villes de 100.000 ou 200.000 habitants qui connaissent les taux de croissance les plus élevés. Là aussi cela détruira l’optimum et les villes, qu’il faut sans cesse rebâtir sur place, perdent ainsi progressivement leur attrait.

Il nous faut cesser de dire, devant de tels processus, « C’est le sens de l’histoire, adorons-le ». L’État et les autres collectivités se doivent ici d’intervenir. L’on dispose à cet effet de deux leviers majeurs : le découpage territorial et la répartition des finances publiques.

Côté découpage, il n’est que de regarder en France les effets du découpage départemental décidé en 1789 pour s’en persuader. Depuis 1800, date de l’érection des arrondissements, ceux centrés sur une préfecture ont plus que doublé leur population. Ceux centrés sur une sous-préfecture ont vu la leur divisée par deux. A population égale, les villes chefs-lieux de département attirent chaque année presque deux fois plus de population que les autres villes. Qui veut maîtriser la répartition du peuplement sur un territoire ne peut se désintéresser des questions de découpage. Le Célib, prônant en 1971 le remplacement des cinq départements bretons par quinze pays, ne raisonnait pas autrement. Pour équilibrer l’attraction dominante des villes préfectures en leur département, il n’a pas hésité à proposer d’associer entre elles plusieurs sous-préfectures ou anciennes sous-préfectures. Ce fut le cas en Trégor avec Guingamp, Lannion et Paimpol, dans les Pays de Rance avec Dinan, Dinard et Saint-Malo, ou encore en Bretagne centrale avec Pontivy, Loudéac et Ploërmel. Pour limiter la croissance de certaines villes, certains ont pu préconiser alors de glisser entre elles des pays encore en pointillé, Châteaulin entre Brest et Quimper, Auray-Quiberon entre Vannes et Lorient. Si « Le découpage d’un grand Etat est à lui seul une constitution », comme l’affirmait Thouret, rapporteur du projet, en 1789, le découpage d’un grand Etat est aussi à lui seul un aménagement du territoire. Cela vaut aussi pour le découpage communal, levier qui devrait rester en totalité dans les mains des pays.

Côté finances, les moyens à la disposition des décideurs sont tout aussi puissants. L’on peut considérer à cet effet la façon dont la France et l’Italie ont pu prendre en compte les bilans migratoires dans leurs dotations aux régions. L’Italie, dans une optique de rééquilibrage, a choisi de donner plus par habitant aux régions souffrant d’un bilan migratoire négatif. La France, dans une optique de réponse aux besoins prévisibles d’équipement, a préféré donner plus aux régions bénéficiant d’un bilan migratoire positif. On ne peut imaginer démarches plus opposées. Un État ne peut être neutre.

Mariant découpages et moyens financiers, les modes de gouvernance s’avèrent fondamentaux. En tout territoire doté d’un budget, la population a tendance à s’agglomérer en un point. Communes, départements ou États suivent cette loi selon l’importance des budgets gérés aux différents niveaux. Les pays centralisés comme la France ou la Grèce vont voir la population de leur capitale exploser. Les pays fédéraux comme l’Allemagne, la Suisse, les Indes ou les États-Unis auront au contraire une population mieux répartie.

Précisons toutefois que l’explosion des capitales a une fin. Le bilan migratoire de l’Ile-de-France est aujourd'hui négatif. Il y a bien régulation de la population de la métropole, mais au point de saturation. La ville cessera de croître non pas quand elle aura une taille optimale – elle attire au contraire un maximum de population – mais quand elle aura une taille maximale. Ceux qui la fuient débordent alors ceux qui sont plus ou moins contraints de s’en rapprocher. Malheureusement, et pour prévenir des mouvements sociaux, les États s’emploient à grands frais à repousser ce terme. C’est tout l’enjeu de Grand Paris et de la C8 créée en 2008, conférence des huit régions du bassin parisien chargée de mobiliser un maximum de financements nationaux et européens pour le Grand Paris.

Découpages et institutions politiques et financières, la puissance publique dispose de deux puissants leviers pour maîtriser la répartition du peuplement. Reste pourtant en tout cela un grand oublié : la durabilité de notre société, le bonheur des générations futures. Comment échapper à cette autre fatalité qui veut que le sort d’un Terrien en l’an 2300 pèse autant à nos yeux que celui de ce moucheron que nous venons d’écraser sur notre écran ? Comment bâtir une écologie vraiment durable alors que tout s’emballe autour de nous. La vie est combustion. Finira-t-elle en cendres ? Saurons-nous un jour réguler nos progrès ? Ceci est une autre histoire…


Une démographie dynamique malgré des handicaps

Auteur : Patrick D. Morvan (Texte de 2015)

La Bretagne historique, celle à cinq départements qui intègre la Loire-Atlantique, compte aujourd’hui près de 4,6 millions d’habitants, soit une progression de 50% en un demi-siècle. Un chiffre record.

Les mouvements naturels et migratoires

L'évolution de 1982 à 2012

Au cours des 30 dernières années la population de la péninsule s’est renforcée de près de 850 000 personnes (28 000 de plus en moyenne par an). Avec un taux de croissance annuel (proche de 0,8 %) supérieur à celui de la France (0,5 %), le territoire apparaît comme l’un des plus dynamiques de l’Hexagone. Il faut ajouter que le phénomène s’accélère avec le temps au point que, depuis 2006, le gain démographique annuel est désormais supérieur à 36 000. Le rythme de progression annuel augmente plus rapidement que la moyenne française.

La Loire-Atlantique est le premier département breton par sa population, attirant à la fois des actifs sensibles au dynamisme économique de la métropole nantaise et des retraités amoureux du littoral et de ses stations (Pornic, Le Croisic, La Baule…). Elle devance l’Ille-et-Vilaine et le Finistère. En 1982, ce dernier était le département le plus peuplé de Bretagne après la Loire-Atlantique. Il se situait alors devant l’Ille-et-Vilaine. La hiérarchie s’est modifiée au milieu des années 1990 au point qu’aujourd’hui, ce dernier compte 100 000 personnes de plus que le Finistère.

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La composition par âges montre quelques spécificités au regard de la situation de l’Hexagone. Si les moins de 20 ans ont une représentation comparable à celui de la France métropolitaine, les 60 ans et plus sont, eux, surreprésentés (1,2 point de plus). L’écart est évidemment le même, mais en sens inverse, pour la catégorie intermédiaire des 20 - 60 ans.

Des différences apparaissent aussi entre les départements. Les plus fortes proportions de personnes âgées de 60 ans et plus se retrouvent dans les Côtes d’Armor (30%, jusqu’à 33% dans l’arrondissement de Lannion) et dans certaines parties du Finistère (30% dans celui de Châteaulin par exemple) alors que leur part n’atteint pas 22% en Ille-et-Vilaine. Deux raisons expliquent les fortes proportions atteintes dans certains territoires : l’attrait du littoral pour les retraités et le départ des jeunes vers des lieux plus porteurs d’emplois. En 30 ans ces tendances déjà sensibles en 1982 se sont confirmées.

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Naissances et décès

La croissance démographique est pour une part assurée par les mouvements naturels. Quelques 53 000 petits Bretons naissent en moyenne chaque année, un chiffre en lente mais continuelle diminution. Ce sont dans les départements de Loire-Atlantique (17 000 naissances) et d’Ille-et-Vilaine (13 000) que ces arrivées sont les plus nombreuses. A l’opposé elles ne sont que 6 000, environ, dans les Côtes d’Armor.

Le taux de natalité est de 11,5/‰, soit un point en dessous de la moyenne hexagonale. Cette situation ne caractérise cependant pas les deux départements phares de la région. En Loire-Atlantique et en Ille-et-Vilaine il est en effet (légèrement) supérieur à la moyenne nationale. La fécondité, de son côté, reste élevée (une tradition bretonne). Elle se situe à 2,04 enfants par femme contre 1,99 en France métropolitaine.

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Les décès touchent, quant à eux, environ 43 000 personnes par an, dont plus de 10 000 en Loire-Atlantique et dans le Finistère, les deux départements où ils sont les plus nombreux.

Le taux de mortalité est élevé. A 9,5/‰ il est un point au-dessus de la moyenne française. C’est le résultat du vieillissement plus rapide de la population qui est à rapprocher de l’attrait qu’exerce la « douceur de vivre » bretonne sur un nombre important de retraités. Comme, à l’opposé, les départs de ceux qui ont vécu toute leur vie en Bretagne sont réduits, ce mouvement ne peut que s’accentuer. Il est encore amplifié par l’allongement de l’espérance de vie et par l'entrée des premières générations issues du baby-boom dans la catégorie des « anciens ». Dans la même logique l'âge moyen s’est déplacé de 38 à 41 ans de 1990 à 2009, soit un an de plus que la moyenne française.

Le taux d’accroissement naturel, résultat de l’excédent des naissances sur les décès, s’établissait de ce fait en 2012 à moins de 0,3% soit plus d’un point en dessous du taux national.

Par les seuls mouvements naturels la population bretonne s’accroît donc aujourd’hui en moyenne de 10 000 personnes par an, une valeur qui diminue au fil des ans (il n’est d’ailleurs plus que de 9 119 en 2012). Le surplus des naissances sur les décès dépassait par exemple les 20 000 par an entre 1954 et 1968. Il était encore de 11 000 entre 1982 et 1990. En outre cette vitalité naturelle, si on peut l’appeler ainsi, ne doit pas faire illusion. Elle ne concerne que la Loire-Atlantique et l’Ille et Vilaine. Dans les trois autres départements les décès font en effet jeu égal avec les naissances voire les dépassent. C’est en Côtes d’Armor que ce mouvement négatif est le plus ancien et le plus marqué.


Les mouvements migratoires

La démographie bretonne, qui n’a plus aujourd’hui la possibilité de s’appuyer sur un mouvement naturel en perte de vitesse, compte désormais pour assurer sa croissance sur son seul excédent migratoire, lequel approche 0,6 % par an (la moyenne française se situant à 0,1 %).

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Le fait est récent car pendant longtemps, et jusque vers la fin des années 1960, la péninsule a subi un exode qui l’a vidée de ses forces vives. On rappellera, en reprenant les chiffres de Loeiz Laurent et Guy Baudelle (dans le chapitre « Les hommes et leurs espaces » de la géographie de 1994) que de 1954 à 1962 la terre armoricaine perdait annuellement 7 000 habitants par exode net et que de 1962 à 1968 elle n’en gagnait encore que 750 par an. C’est seulement à partir de cette dernière date que le dynamisme breton s’est fait sentir avec une hausse progressive et désormais substantielle des arrivées : + 9 000 par an entre 1968 et 1975, + 11 000 entre 1975 et 1982, + 7 500 entre 1982 et 1990, + 15 000 de 1990 à 1999, + 25 000 aujourd’hui. Ce sont les Côtes d’Armor et le Morbihan qui sont les grands bénéficiaires de cette situation (l’augmentation est de 0,8% par an depuis 2006 dans chacun de ces deux départements), signe une nouvel fois de l’attrait du littoral pour certaines catégories de population (les retraités en premier lieu).


L’espérance de vie

En 2012, l’espérance de vie des Bretons, à la naissance, était de 81 ans, soit un peu moins (6 mois) que celle de l’ensemble des Français. Depuis 2000 elle a néanmoins progressé dans la péninsule d’un peu plus de 3 ans pour les hommes (passant de 74,4 ans à 77,7 ans) et de 2 ans pour les femmes (de 82,7 à 84,6). Cependant, comme le gain caractérisant l’Hexagone est du même ordre de grandeur, l’écart qui existait entre ce dernier et la terre armoricaine ne se résorbe pas. C’est en Ille-et-Vilaine que l’espérance de vie à la naissance est la plus grande (dans ce département elle est même supérieure de presque 6 mois à la moyenne nationale) et dans le Finistère qu’elle est la plus basse, surtout pour les hommes puisque l’écart par rapport à la moyenne nationale est de plus de 2 ans.


Les ménages

Les ménages bretons comptent en moyenne 2,27 personnes (chiffres de 2011) soit une de moins qu’au niveau national. Leur taille baisse également avec le temps (elle était de plus de 3 en 1968). Dans le détail la situation la plus fréquente est celle représentée par des ménages qui ne sont constitués que d’une seule personne.

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Cette évolution a plusieurs explications. Chez les jeunes adultes, la mise en couple est en partie retardée par le prolongement de la scolarité dans l’enseignement supérieur qui conduit souvent ceux qui sont concernés à vivre en célibataires. Aux âges intermédiaires l’accroissement du nombre des séparations (divorces…) joue dans le même sens. Enfin, au-delà, l’allongement de l’espérance de vie entraîne une augmentation notable du nombre de femmes âgées vivant seules.

La diminution plus rapide de la taille des ménages bretons par rapport à la moyenne française résulte d’abord du vieillissement plus prononcé de la population, conséquence une nouvelle fois du déséquilibre démographique lié à l’attrait des retraités pour la péninsule. Entre 1968 et 2011, le nombre de personnes âgées de 75 ans ou plus a été multiplié par plus de 3 en Bretagne contre 2,5 en France métropolitaine.

Cette évolution a une conséquence immédiate, celle d’accroître les besoins en logements et cela même si la situation démographique était restée la même. Ce qui n’a pas été le cas. De ce fait le nombre de résidences principales a progressé beaucoup plus que le nombre d’habitants. Entre 1968 et 2011, celui-là a presque doublé alors que la population n’augmentait que d’un tiers. En conséquence, sur cette période, plus de 450 000 résidences principales supplémentaires ont été nécessaires pour s’adapter à la baisse de la taille des ménages. Ce chiffre représente environ la moitié de la hausse du nombre de résidences principales entre ces deux dates, l’autre moitié étant liée à l’augmentation de la population.


La population immigrée

La Bretagne accueille plus de 140 000 immigrés (chiffres de 2011). Ces derniers représentent 3,1% de sa population, le plus faible taux parmi les régions françaises (la moyenne en métropole se situant à 8,4 %). Cette proportion croît néanmoins régulièrement depuis un demi-siècle (elle était de moins de 1 % en 1968 et 2 % en 1999). La population immigrée a par exemple augmenté de près de 50 % entre 1999 et 2005. La Loire-Atlantique est le département qui en accueille le plus : 48 000, soit le tiers du total de ceux qui se sont installés dans la péninsule.

Cette population est à plus de 70% constituée de personnes en âge d’activité, soit 13 points de plus que le chiffre caractérisant la population totale bretonne.

40% d’entre eux viennent d’Europe et 36% d’Afrique (Maghreb et, de plus en plus, pays subsahariens). Si les immigrés d’origine africaine sont dominants en Ille-et-Vilaine et en Loire-Atlantique, ceux venus d’Europe s’imposent dans les trois autres départements où ils représentent par exemple 62% des immigrés dans les Côtes d’Armor (moins de 30 % en revanche en Loire-Atlantique). Il est à noter que près de 11% d’entre eux sont des Britanniques, un taux qui monte à 31% dans les Côtes d’Armor (ils sont moins de 3% dans la France entière). Leur progression est particulièrement importante depuis une quinzaine d’années.

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La répartition sur le territoire

Le dynamisme démographique n’a pas profité à toute la Bretagne. Conséquence d’un exode rural puissant et ancien, près de la moitié des communes ont toujours aujourd’hui moins d'habitants qu'en 1800 et un quart d’entre elles ont encore connu un déclin entre 1982 et 2011.


Un développement démographique territorialement inégal

Les autres communes (1179 sur 1 491) ont connu une croissance qui a parfois été spectaculaire. Parthenay-de-Bretagne, dans la métropole rennaise, a ainsi vu sa population passer en 30 ans de 391 à 1393 habitants, une augmentation de plus de 250%. D’une façon générale les plus fortes progressions s’observent à l’est du territoire. 95 des 100 communes ayant connu les développements démographiques les plus puissants se situent en Loire-Atlantique, en Ille-et-Vilaine et dans le Morbihan tandis que 75 des 100 plus importants reculs concernent le Finistère et les Côtes d’Armor (en passant de 504 à 189 habitants l’île de Sein a par exemple perdu 62% de ses effectifs).

Une fracture s’est donc produite au fil du temps entre l’est et l’ouest, de part et d’autre d’une ligne reliant approximativement Saint-Brieuc à Lorient. Côté occidental, la croissance n’a été en trente ans que de 10% (110 000 habitants supplémentaires), côté oriental elle a atteint 28% (700 000 personnes en plus). Aujourd’hui la partie ouest ne représente plus que 29% de la population bretonne.


Le rôle des grandes aires urbaines

Le dynamisme démographique est essentiellement le fait des grandes «aires urbaines», ces entités regroupant les populations et leurs activités situées dans un rayon d’environ 40 kilomètres autour des villes-centres, où la crise, jusqu’à une période récente (avant 2011), avait moins dégradé le marché de l’emploi. Celles de Nantes et de Rennes apparaissent particulièrement dynamiques. Elles apportent en effet à elles seules plus de la moitié des gains de population obtenus depuis 30 ans par la Bretagne. L’aire urbaine de Nantes a vu sa population augmenter de 1% par an au cours de cette période (soit un gain de 234 000 personnes), une évolution qui lui permet aujourd’hui d’abriter 884 000 habitants, et qui pourrait se poursuivre dans les décennies à venir. L’aire urbaine de Rennes devrait connaître un rythme de croissance identique.

Plus largement, les cinq plus grandes aires urbaines de Bretagne (Nantes, Rennes, Brest, Lorient, Saint-Nazaire) accueillent un peu plus de 50% de la population de la péninsule et sont à l’origine de 70 % de son accroissement démographique.

En leur sein, les communes des couronnes périurbaines progressent davantage que les agglomérations et ces dernières plus que les villes-centres : les nouveaux arrivants s’installent prioritairement dans les zones périphériques, chassés par le prix de l’immobilier et par le manque de foncier pour construire ou acquérir de nouveaux logements. Ainsi les communes sous influence nantaise, comme Aigrefeuille-sur-Maine, Le Gâvre, Drefféac, Gorges ou Cheix-en-Retz, ont vu leurs effectifs augmenter chaque année de plus de 4,5 % entre 2006 et 2011. Sur le reste de la Bretagne « la population a également augmenté dans toutes les aires urbaines de taille plus petite mais offrant au moins 10 000 emplois, à l’exception de Morlaix. Parmi celles accueillant moins de 10 000 emplois, la croissance a également été au rendez-vous, mais de façon moindre » souligne Isabelle Baudequin, de l’Insee (cf. Octant magazine, n°56 –janvier 2014)


L’espace rural et le littoral

Qu’en est-il sur le reste du territoire ? Au cours des trente dernières années, l’espace rural a certes perdu des habitants mais cette tendance a commencé à s’inverser en1999. Par ailleurs, au même titre que la périurbanisation, support d’un marché du travail moins déprimé, les grands axes de circulation (Rennes- Saint-Brieuc, Rennes- Saint-Malo, Lorient-Vannes, Vannes-Nantes…) ont favorisé la vitalité démographique des territoires qu’ils traversaient et la répartition de la population, une situation dont ont profité certaines communes rurales.

Le littoral, qui accueille un peu plus du tiers de la population bretonne, fait face quant à lui à un essoufflement. Sa croissance, qui était dans les années 80 de 0,4 % l’an, soit déjà la moitié de celle caractérisant les collectivités de l’intérieur, est désormais avec + 0,2% cinq fois plus faible. Certaines communes perdent même des habitants comme c’est le cas, en Loire-Atlantique, au nord de la Loire, à Batz-sur-Mer, Le Pouliguen, Piriac-sur-Mer ou Le Croisic. Nous avons là un effet direct de la crise économique et de la flambée des prix de l’immobilier.


Les défis à relever

Le bouleversement des structures sociales

Cette évolution démographique soulève d’autres questions. L’arrivée, chaque année, de plus de 5 000 retraités supplémentaires (différence entre entrées et sorties) bouleverse par exemple les structures sociales et sociologiques bretonnes. La moitié d’entre eux sont des Franciliens qui sont néanmoins pour beaucoup (plus d’un tiers) des Bretons ayant quitté la péninsule pour des raisons professionnelles.

Quoi qu’il en soit ces mouvements génèrent des problèmes de transports publics ou d’accès aux logements, principalement sur les côtes et dans les métropoles de Rennes et de Nantes qui sont les premières destinations de ces nouveaux habitants. Sur le littoral cette situation, parce qu’elle a provoqué l’augmentation déraisonnable du prix du foncier rappelée plus haut, fait que les jeunes locaux ont de plus en plus de mal à se loger.


Le vieillissement de la population

Le phénomène est d’autant plus préoccupant qu’il ne peut que s’accentuer dans les prochaines années (voir ci-dessous). Il doit conduire les élus territoriaux à définir des politiques capables d’offrir à ce public un environnement adapté à leurs besoins et à leurs attentes avec la mise en place de prestations collectives, la recherche d’un accès aisé aux services de proximité et des choix d'urbanisme qui soient adaptés à chaque cas de figure.

Ainsi il faudra, pour les personnes âgées qui resteront à domicile, réfléchir aux aides susceptibles de leur permettre d’adapter leurs logements, mais aussi développer et améliorer l’offre de services de proximité.

D’autres déménageront pour aller s’installer là où se trouvent des établissements spécialisés et des structures hospitalières de haut niveau ou une complémentarité entre les interventions à domicile et celles dans les structures d’accueil. L’exemple de l'Ille-et-Vilaine est à cet égard révélateur. Si le département attire peu de retraités avant 75 ans, la tendance s'inverse au-delà. L'isolement, le veuvage et la dépendance sont les principales causes du déplacement de personnes qui jusque là résidaient le plus souvent dans des maisons individuelles généralement anciennes et/ou de trop grandes dimensions. Par ailleurs plus d'un tiers des 75 ans et plus vit en milieu rural et dans la même proportion ne dispose d'aucun moyen de locomotion.

La dernière catégorie, qui prendra de plus en plus d’importance, réunit ceux qui deviendront dépendants. Les pouvoirs publics devront étudier la façon de les prendre en charge sachant que la solidarité familiale a ses limites surtout lorsque certains de leurs soutiens atteignent eux-mêmes, comme c’est dès maintenant le cas, l'âge de la retraite. Cela suppose d’une part l’existence de places suffisamment nombreuses en établissements et d’autre part de renforcer l’offre d’habitats intermédiaires (logements individualisés et autonomes offrant des services spécifiques). Il sera également nécessaire d’assurer une coordination efficace entre les différents professionnels travaillant avec et autour de ces personnes. Des expériences originales sont d’ores et déjà engagées. Brest, avec son projet « 'Aide par l'image aux personnes âgées' », utilise par exemple la télévision comme support de communication et de services.


Le déséquilibre qui s’accentue entre l’ouest et l’est

L’autre défi à relever concerne l’inégale croissance démographique qui oppose la partie occidentale de la Bretagne à la partie orientale, avec d’un côté les territoires bien équipés en infrastructures, bénéficiant des attraits du littoral (essentiellement sud) ou des grandes agglomérations, et de l’autre un Kreizh Breizh (Centre-Bretagne) en situation de dépeuplement.

Cette situation contribue à désorganiser, à désorienter la société. Comment en effet ne pas mettre sur le compte d’une certaine forme de détresse psychologique et sociale, qui en serait la conséquence, le fait que le risque de décès par cancer soit, à l’ouest de la région, 10% plus grand qu’au niveau national (alors que ce risque est jusqu’à 23% moins fort à l’est) ou que l’espérance de vie, ainsi que cela a été esquissé précédemment, soit pour les hommes plus élevée de deux ans ou presque en Ille-et-Vilaine (79,3 ans en 2011) ou en Loire-Atlantique (78,1) par rapport aux autres départements (76,5 dans le Finistère par exemple) ? Comment enfin ne pas s’interroger sur l’importance des suicides dans l’ouest breton ? Alors que le taux national se situe à 14,7 pour 100.000 habitants (un taux qui est déjà l’un des plus importants d’Europe, presque trois fois plus élevé que celui de la Grande-Bretagne par exemple, où il est de 5,7 pour 100 000 habitants), il atteint 26,9 dans le Morbihan, 26,4 dans le Finistère et même 29,6 dans les Côtes d’Armor tandis qu’il ne dépasse pas 22,1 en Ille-et-Vilaine et 18,1 en Loire-Atlantique.

Pour réduire cette fracture les espaces délaissés doivent devenir plus accessibles, plus vivants. Même si des moyens, importants d’ailleurs (plusieurs centaines de millions d’euros), sont d’ores et déjà mis à la disposition des « pays » par la Région pour mener à bien leurs projets d’aménagement, il reste encore aujourd’hui beaucoup à faire pour que soient assurés un rééquilibrage et une réelle solidarité entre les territoires.


Prospective : la situation en 2030 et ses conséquences

Selon les travaux de l’INSEE la population de la Bretagne pourrait s’élever dans une quinzaine d’années à environ 5,2 millions d’habitants, ce qui signifierait un nouveau gain de plus de 650 000 personnes. La progression serait d’un peu plus de 0,7% par an, un taux supérieur à ce que pourrait alors être la moyenne nationale (0,5%). Dans cette hypothèse la croissance démographique bretonne serait quasi exclusivement due, surtout à la fin de la période étudiée, au solde migratoire. En 2030, et a fortiori au-delà, le solde naturel devrait en effet devenir proche de zéro puis se retrouver négatif. Dans les départements des Côtes d’Armor, du Finistère et du Morbihan, l’excédent de décès sur les naissances pourrait avoisiner les 0,3% par an, ce qui aurait pu laisser envisager un déclin si la promesse de mouvements migratoires positifs ne venait pas combler, plus que largement, ce déficit. C’est donc bien par sa seule attractivité que la Bretagne devrait continuer d’assurer son développement.

La structure par âges pourrait elle aussi largement évoluer en faisant apparaître dans les deux - trois décennies à venir une baisse à la fois des moins de 20 ans et des 20-59 ans au profit des 60 ans et plus. Selon une étude de l’INSEE faisant référence à 2040 en Bretagne administrative, on constate que si, du fait de l'intérêt de la péninsule, la catégorie des moins de 20 ans a de grandes chances de progresser encore de 14 %, cette croissance pourrait apparaître bien dérisoire à côté de celle qui devrait caractériser les 60 ans et plus : les effectifs de ces derniers pourraient en effet augmenter de 76 %. Ils représenteraient alors 33 % de la population (37% même dans le Morbihan) soit 2 points de plus que la moyenne de la France métropolitaine et 8 points au-dessus de la valeur actuelle.

Cette évolution démographique, si elle se confirme, risque d’accentuer certaines conséquences négatives détaillées précédemment. Les pouvoirs publics doivent d’ores et déjà réfléchir à leur impact sur l’emploi, le logement, les équipements, les services, les déplacements, la mixité sociale, l’équilibre intergénérationnel… en ayant conscience que, même si chaque département a et aura ses propres préoccupations, le vieillissement restera une donnée commune à toute la Bretagne. Une attention toute particulière devra être portée au littoral : sur celui de Loire-Atlantique par exemple, les 60 ans ou plus pourraient représenter 40% de la population.




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